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« 5 à 10 % d’économies facilement atteignables sur un silo »

Jonathan Thévenet, directeur d’Asfona.

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Depuis septembre 2022, Asfona propose une formation Éco Énergies, pour mieux maîtriser les consommations dans les négoces et coopératives. Jonathan Thévenet, directeur de l’organisme de formation, fait le point sur les leviers mobilisables.

Comment faire des économies sur la facture d’énergie des silos ?

Il y a plusieurs leviers. Le premier ne nécessite pas d’équipement particulier, mais il faut connaître la courbe débit-pression pour optimiser le niveau de la ventilation des grains : mieux vaut parfois faire du multi-cellules que d’en ventiler seulement une. Par exemple, pour une cellule nécessitant 60 heures de ventilation, en faire deux en même temps ne prendra que 100 h, et non 120 h. On augmente le débit du ventilateur, ce qui réduit la pression.

Et pour aller plus loin ?

Le premier outil à installer, ce sont des thermostats pour déclencher les ventilateurs. Il faut 7 °C d’écart entre la température extérieure et celle du grain, 10 °C si l’on tient compte du réchauffement de l’air avec la ventilation. Ainsi, on peut ventiler aux heures les plus froides. En plus, on peut ajouter une horloge pour programmer en fonction du tarif heures pleines et heures creuses, même si ces dernières sont parfois incompatibles avec les heures froides. Dans ce cas, il faut prioriser l’efficacité de la ventilation, quitte à payer plus cher. Attention à bien installer le thermostat le plus proche du ventilateur, dans un endroit où il n’est pas impacté par autre chose que la température extérieure, donc pas à côté par exemple du local à air comprimé qui dégage de la chaleur. Ces investissements doivent s’inscrire dans une stratégie de stockage de l’entreprise. Si les grains arrivés en juillet partent en septembre, c’est inutile de trop ventiler.

Y a-t-il d’autres leviers sur la manutention du grain ?

Penser à couper les compresseurs quand ils ne servent pas, notamment la nuit, et vérifier que ces circuits n’ont pas de fuites. Dans les sites où c’est possible, on peut aussi couper des tronçons d’aspiration, quand un nettoyeur-séparateur n’est pas utilisé. Le chargement des camions peut être adapté, pour les remplir avant les heures pleines du matin par exemple. Cela nécessite en amont pour l’agent de silo d’être au courant des modalités du contrat d’énergie.

Et dans les séchoirs ?

C’est une autre partie importante. Déjà, un pré-nettoyage permet d’éviter de sécher des impuretés. Éviter aussi le surséchage du grain. Ensuite, pour optimiser le fonctionnement d’un séchoir, il faut qu’il tourne 24 h sur 24, idéalement six jours et demi par semaine. L’objectif, c’est de l’arrêter seulement une fois, pour faire les contrôles de sécurité. Parfois, il est plus rentable de centraliser sur un séchoir, plutôt que de démarrer les séchoirs de proximité. Tout dépend des coûts d’approche. Quand il y a peu de maïs, il est bon de se poser la question de combien de séchoirs mettre en marche. L’optimisation du séchage se fait si l’on sèche à la plus forte température possible en fonction de la qualité souhaitée. En d’autres termes, il faut un ratio température/qualité le plus adapté possible. Enfin, les vieux séchoirs peuvent être calorifugés avec de la laine de verre pour éviter les pertes de chaleur.

Sur les autres sites (dépôts…), y a-t-il des actions à mettre en place ?

C’est plus limité, car il y a moins de consommation. Sur les appareils énergivores, on peut mettre en place une prise connectée, pour programmer la mise en route et l’arrêt depuis son smartphone. Former le personnel à l’écoconduite est intéressant. Quel que soit le site, c’est important de regarder le talon de consommation, c’est-à-dire ce qui reste en consommation quand on a tout éteint. Normalement, il est proche de zéro. S’il y a des consommations anormales, reste à leur faire la chasse, en commençant par trouver la cause.

Ce sont des sujets que vous abordez en formation ?

Oui, on rebalaye ces thématiques. La formation Éco Énergies s’adresse à tous les opérateurs travaillant dans des silos ou magasins de négoce ou coopérative, qu’ils soient magasinier, agent de silo, manager opérationnel, responsable en charge de l’énergie, voire TC. Après la formation, il est important de faire des points réguliers avec les collaborateurs sur l’évolution de la consommation énergétique de l’entreprise. Il faut les impliquer, c’est vraiment une stratégie d’entreprise. Au total, on peut rapidement atteindre 5 à 10 % d’économies d’énergie sur un silo, par exemple.

Est-ce intéressant de faire un audit énergétique ?

Oui, pour moi c’est intéressant de le faire. Après, un consultant qui n’est pas du métier ne verra pas forcément les subtilités sur la ventilation, par exemple. Mais l’étude des points 10 minutes, qui peut être demandée à Enedis et qui donne les consommations toutes les 10 minutes, est un indicateur précieux.

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